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Napoléon et la poste aux
armées
Face
aux conflits à travers l'Europe et Ã
l'importance de l'armée mise en place par
Napoléon, il était important pour ce dernier d'
avoir une poste simple et efficace. Pour cela il
s'appuiera sur l'organisation postale mise en
place suite à la Révolution française. Il
nommera le comte de Lavalette (Marie Chamans de
Lavalette) responsable du service des Postes
avec le grade de commissaire général. La poste
des armées sera une poste d'Etat basée sur une
organisation hiérarchique. Un
directeur des postes est nommé pour chaque armée
de campagne, ce dernier a pour mission de
recruter le personnel nécessaire, tous civils.
Le personnel ainsi recruté a pour fonction de
récupérer le courrier dans les bureaux de poste
les plus proches des bataillons et de le
transmettre au quartier général. Les commis
répartissent ensuite le courrier entre les
différents bataillons où un militaire, le
vaguemestre effectue la distribution. Les
soldats doivent payer les frais de port du
courrier en France au-delà le transport reste
gratuit. |
Napoléon 1er
par
Jacques-Louis David 1812 |
Antoine-Marie
Chamans, comte de Lavalette sera nommé commissaire
général des Postes le 17 novembre 1801 puis il deviendra
directeur général des Postes le 19 mars 1804 (jusqu'en
1815) lors de l'avènement de l'empire. Il sera Ã
l'origine de la création des estafettes mises en place
le 15 août 1805. Il s'agit de messagers à chevaux
spécialement dédiés au transport du courrier impérial.
Les maîtres de Poste ont la charge de cette organisation
en envoyant des postillons de relais en relais afin de
transporter un portefeuille fermé à clef dont Napoléon
et Lavalette ont chacun une clef. Le postillon
transporte également un livret où est inscrit par les
maîtres de poste le nom de relais avec les heures de
départs et d'arrivées. Bien que très couteux ce service
est efficace, il permet de réduire les distances. Le
premier réseau relia en 1805 Paris à Milan. Plusieurs
lignes seront créées notamment entre Paris et Madrid,
Paris et Hambourg en 1810 ou bien Paris et Amsterdam en
1811. Lavalette attribue l'invention de ce service Ã
Napoléon bien que ce mode de transport corresponde à ce
qui avait été mis en place en 1803 avec les « courriers
du gouvernement » ou plus tôt les « chevaucheurs de
l'écurie du roy » qui de relais en relais transportaient
le plus rapidement possible le courrier officiel.
Lavalette écrira « c'est à l'époque de 1805 que je fis
usage en grand du système des estafettes que l'Empereur
me commanda d'organiser et dont les bases lui
appartenaient ».
Antoine-Marie Chamans
Timbre comte de Lavalette
Comte de Lavalette
Napoléon avait senti
l'inconvénient de faire franchir à un seul homme
d'énormes distances. Il arriva plusieurs fois que des
courriers excédés de fatigue ou mal servis n'arrivaient
pas au gré de son impatience. Il ne lui convenait pas
non plus de mettre entre les mains d'un seul homme des
nouvelles dont la prompte réception pouvait avoir une
influence grave et quelquefois décisive sur les
événements les plus importants. « j'organisai donc par
son ordre le service d'estafettes qui consistait à faire
passer par les postillons de chaque station les dépêches
de cabinet enveloppées dans un portefeuille dont nous
avions, lui et moi, chacun une clef. Chaque postillon
transmettait à la station suivante un livret où le nom
de chaque poste était inscrit et où l'heure de l'arrivée
et du départ devait être relatée. Une amende et des
peines sévères, suivant la récidive punissaient la perte
du livret et la négligence du maître de poste à inscrire
l'heure de l'arrivée et du départ. J'eus beaucoup de
peine à obtenir l'exécution de ces formalités.
Mais avec une surveillance active et
constante j'en vins à bout et ce service s'est fait
pendant onze ans avec un succès complet et des résultats
prodigieux. Je pouvais me rendre compte d'un jour de
retard dans l'espace de 400 lieues. L'estafette partait
et arrivait tous les jours de Paris et aux points les
plus éloignés, Naples, Milan, les Bouches du Cattaro,
Madrid, Lisbonne et par suite Tilsitt, Vienne, Presbourg
et Amsterdam. C'était d'ailleurs une économie relative,
les courriers coûtaient par poste 7 f 50, l'estafette ne
coûtait pas 3 francs. L'Empereur recevait le huitième
jour les réponses écrites aux lettres à Milan et le
quinzième à Naples. Ce service lui fut très utile. Il fut, je puis le dire sans vanité, un des
éléments de ses succès ».
Ce service d'estafettes sera maintenu après la chute de
l'Empire jusqu'en 1872 et d'autres lignes seront même
créées par exemple entre Paris et Le Havre en 1818.
Le décret de Berlin sera signé par
Napoléon le 21 novembre 1806 et sera publié au journal
officiel le 5 décembre. Ce décret met en place et de
façon officielle le blocus continental contre le
Royaume-Uni en l'empêchant de commercer avec l'Europe.
L'article 2 de ce décret interdira toute forme de
correspondance avec le Royaume-Uni : « Tout commerce et
toute correspondance avec les îles britanniques sont
interdits. En conséquence, les lettres ou paquets
adressés ou en Angleterre ou à un Anglais, ou écrits en
langue anglaise, n'auront pas cours aux postes et seront
saisis ». Il écrira le 1er décembre 1806 à Martin Michel
Charles Gaudin, son ministre des Finances : « faites une
circulaire et prenez des mesures pour que, dans
l'étendue de l'Empire, toutes lettres venant
d'Angleterre ou écrites en anglais et par des Anglais
soient mises au rebut. Tout cela est fort important, car
il faut absolument isoler l'Angleterre ».
Décret
de Berlin signé par Napoléon le 21 novembre 1806
Décret
de Berlin signé par Napoléon le 21 novembre 1806
La Poste aux armées
sera réorganisée le 31 août 1809 par la mise en place
d'une organisation spécifique aux deux plus importants
quartiers généraux. Ils auront un directeur à leur tête,
responsable de douze courriers de vingt-trois chevaux et
de dix malles-poste. Puis tous les corps d'armée seront
dotés d'un directeur, d'un courrier, de deux employés et
d'une malle-poste. Les lettres envoyées par les soldats
sont appelées les « lettres de cantinières ». En effet
les lettres avec des en-têtes Napoléoniennes (l'empereur
et l'impératrice y étaient représentés) et coloriées Ã
la main, seront vendues aux soldats par les cantinières
qui accompagnent les troupes en campagne. Mais la
plupart des soldats étaient illettrés, leurs lettres
étaient donc écrites par une autre personne.
Entrée
de Napoléon 1er
dans Berlin par la porte de Brandebourg le 27 octobre 1806
Charles Meynier (1810)
En-tête
de lettre de cantinière
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Histoire de la poste
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